L’histoire inspirante d’une fille proche aidante…
L’histoire inspirante d’une fille proche aidante…
Mon père a toujours été fort, tant physiquement que mentalement. Il adorait rouler en motocyclette et a voyagé un peu partout au pays avec ses amis. Mon père a été marié pendant plus de 20 ans à ma mère et il était l’homme qu’on appelait pour installer une toilette neuve et réparer la plomberie, ou encore installer une piscine ou construire un garage. Il pouvait réparer ou construire n’importe quoi. Mon père adorait la pêche et aimait faire du camping, ce qu’on faisait souvent en famille lorsque nous étions petits. L’une de ses plus grandes joies était d’être grand-père.
Tout cela a changé la nuit de 24 juin 1996. Je venais de mettre les enfants au lit et me préparais à regarder la télévision et à profiter du calme… lorsque le téléphone a sonné. C’était maman. « Papa a fait une chute et s’est blessé à la tête en faisant du patinage à roulettes. Le centre de patinage l’a envoyé à l’hôpital en ambulance pour qu’il se fasse examiner par précaution et je te rappellerai quand j’en saurai plus. » J’ai pris le téléphone pour demander à mon amie de venir garder les enfants et je suis partie à l’hôpital.
En arrivant à l’urgence de l’hôpital, mon mari et moi avons été conduits dans une chambre individuelle, et deux agents de police, une infirmière et un médecin sont entrés dans la chambre peu après. J’ai su immédiatement que quelque chose de grave était arrivé, car ce n’était pas normal. Mais absolument rien n’aurait pu nous préparer à ce qu’ils allaient nous dire. Mon père avait eu une crise cardiaque foudroyante et son cerveau avait été privé d’oxygène pendant plus de onze minutes. Ils travaillaient encore sur lui. Ils nous ont également dit que nous devions nous préparer au pire.
Ma famille et moi avons passé les 72 heures qui ont suivi à son chevet et l’avons regardé se battre pour rester en vie. Je me souviens du grand nombre de fils et de tubes, et des bips-bips de l’appareil qui le maintenait en vie et respirait à sa place. Au bout de 48 heures, les médecins sont venus nous voir pour nous dire que papa avait eu une crise cardiaque foudroyante et que son cœur avait été gravement endommagé et devait être réparé par chirurgie, mais le pire était que papa avait été victime d’une lésion cérébrale acquise à cause d’un manque d’oxygène. Ils ont ajouté que papa serait probablement dans un état végétatif et incapable de faire quoi que ce soit par lui-même et nécessiterait de l’aide 24 heures par jour s’il survivait.
Papa a passé les trois mois suivants dans l’unité de soins cardiaques. Il a subi une chirurgie cardiaque pour réparer son aorte et après, lorsque son état était assez stable, il a été transféré à l’Hôpital Parkwood où il a été admis à l’unité de réadaptation pour personnes souffrant d’une lésion cérébrale acquise. Il y a passé et nous y avons passé les quinze mois suivants. Au moment de son admission à Parkwood, papa croyait que j’avais 12 ans, que ma sœur en avait 10 et mon frère 7. Quinze années avaient été effacées de sa mémoire à court terme. Papa ne se rappelait plus qu’il avait quatre petits enfants et il n’arrivait même plus à les reconnaître lorsqu’on lui montrait une photo.
Papa a réappris lentement à parler et à lire, il a réappris les jours de la semaine, les mois de l’année et après il a réappris le plus difficile – marcher, s’habiller et se raser et toutes les activités de la vie quotidienne que nous prenons tous pour acquises. À ce moment-là, nous ne savions pas si papa allait pouvoir s’occuper à nouveau de lui-même, sans parler de vivre seul. Nous allions le voir tous les jours au centre de réadaptation, chacun à tour de rôle. Nous allions nous promener, nous faisions des exercices, nous l’aidions à lire, à travailler la coordination mains-yeux, à manger avec un couteau et une fourchette, et après nous passions un peu de temps à bavarder et à parcourir des albums photo pour tenter de ranimer quelques souvenirs.
Environ neuf mois plus tard, nous nous réjouissions quand il se souvenait des noms et des dates, et à ce moment-là, il arrivait aussi à se tenir debout et marchait. Mais les médecins et le personnel infirmier nous rappelaient toujours que nous ne devions pas nous faire trop d’illusions et que ses progrès risquaient de s’arrêter là. Ils nous ont suggéré de commencer à visiter des foyers de soins de longue durée. Je ne pouvais pas me résoudre à accepter cette option. Quelques semaines plus tard, papa commençait à se souvenir des noms et des visages, il était capable de lire et de marcher seul sans aide, de prendre une douche seul et de se tenir debout en gardant bien son équilibre.
C’était tellement encourageant. C’était comme s’il franchissait une petite étape dans la bonne direction chaque jour… la vie allait être différente, mais papa était combattif et il apprenait chaque jour de nouvelles compétences et des stratégies d’adaptation – comme nous d’ailleurs! Nous ne devions pas oublier d’ÉVITER de dire « Rappelle-toi papa » ou « Allons, un peu de courage papa », nous devions nous rappeler que tout prenait plus de temps pour lui et qu’il était important que nous lui accordions le temps nécessaire pour faire les choses pour lui-même et à son rythme.
Cinq ans plus tard, papa vivait de façon autonome dans son propre appartement. Ensemble, nous avons dû apprendre à aimer de nouveaux passe-temps et à passer du temps ensemble sans nous énerver si certaines choses prenaient plus de temps. Les nouveaux passe-temps de papa incluent la marche, le jardinage, la préparation de gâteaux, la lecture et le golf avec son petit-fils. Il adore toujours la pêche… cela n’a pas changé du tout.
Aujourd’hui, vingt-cinq ans se sont écoulés depuis sa lésion cérébrale et tout va pour le mieux. Papa a même fait de nombreux voyages en Europe par lui-même depuis. Il a travaillé fort pour améliorer ses aptitudes sociales, pour être capable d’être dans une foule et pour apprendre à être patient en mettant en pratique les compétences qui lui ont été enseignées pour se souvenir des détails importants.
Mon père m’a appris l’importance de la journée d’aujourd’hui, il faut en profiter parce que demain n’arrivera peut-être pas, et il faut aussi savoir être patient. Mon père me disait toujours « Inutile de t’inquiéter pour des riens. » Cela a un sens beaucoup plus profond maintenant. J’essaie de m’en souvenir et de le mettre en pratique tous les jours. Mon père est mon héros et mes enfants ont de la chance d’avoir un grand-père comme lui!
Cet événement a transformé ma vie personnelle et ma vie professionnelle. Je consacre maintenant ma vie à m’assurer que les êtres chers de nos clients et de nos familles reçoivent des soins de qualité. C’est ce que je demandais pour mon père, alors pourquoi nos clients et nos familles auraient-ils moins. Ma leçon de vie est la suivante – ce qui compte, c’est la qualité des moments passés ensemble et non la quantité », et je vis selon ce principe et j’en suis fière.
Michelle Bloodworth, directrice de secteur à la succursale de London de Soins à domicile Bayshore