Ce que vous devez savoir au sujet des vaccins contre la COVID-19

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Soyez notre invité

 

Bienvenue dans le deuxième article de la série « Soyez notre invité » de Bayshore. Ce mois-ci, nous avons invité le docteur Michael Gardam, un spécialiste des maladies infectieuses, à répondre à des questions fréquentes sur les vaccins contre la COVID-19. Le docteur Gardam est le directeur général de Santé Î.-P.-E., l’autorité sanitaire de l’Île-du-Prince-Édouard. Il est également responsable de la prévention et du contrôle des infections à l’Hôpital  Women’s College à Toronto, et directeur de la clinique de tuberculose à l’Hôpital Toronto Western.

Q : Docteur Gardam, depuis combien de temps êtes-vous spécialisé en maladies infectieuses?

R : Depuis 1998, quand j’ai obtenu mon permis de pratique. J’ai vu des patients depuis le début de ma carrière, mais mon travail est axé davantage sur la santé publique et la prévention de la propagation des infections. Les pandémies font partie de ma spécialité. Je venais à peine de commencer à travailler pour le Réseau universitaire de la santé à Toronto lorsque le SRAS est arrivé. C’était un an ou deux après mon entrée en service.

 

Q : Jusqu’à maintenant, le Canada a approuvé deux vaccins anti-COVID-19. Comment les vaccins de Pfizer et de Moderna fonctionnent-ils, et en quoi diffèrent-ils?

R : Ces deux vaccins sont des vaccins à base d’ARN messager (ARNm). Ils enseignent à nos cellules à fabriquer une protéine, ou une fraction de protéine, qui déclenchera une réponse immunitaire visant à produire des anticorps contre le virus. Le mode d’action des vaccins de Pfizer et de Moderna est pratiquement identique – ils enseignent tous les deux à l’organisme comment produire une protéine S, comme celle à la surface du virus qui cause la COVID-19. La différence est qu’ils utilisent des particules différentes pour suspendre l’ARNm. Au cours des mois à venir, alors que d’autres vaccins seront mis au point, nous verrons quatre ou cinq autres technologies. Le vaccin d’Astra-Zeneca utilise un virus modifié du rhume. D’autres utilisent des protéines S synthétiques.

 

Q : Pourquoi les vaccins de Pfizer et de Moderna requièrent-ils chacun deux doses?

R : La réponse facile est la suivante : c’est comme ça qu’ils ont été étudiés. Ces compagnies ont des gens vraiment très brillants, et ce qu’ils cherchent à produire, c’est une immunité de longue durée. Au fil du temps, nous avons appris avec d’autres vaccins que des doses multiples permettent à l’immunité de durer plus longtemps. Alors, pour la varicelle par exemple, il faut deux injections. Dans le cas du vaccin contre l’hépatite B, c’est trois injections. Les scientifiques ont examiné le virus qui cause la COVID-19 et le type de réponse immunitaire qu’il provoque, et cela leur a suggéré que deux injections garantiraient une bonne immunité. Cela dit, Novavax vient de publier les résultats de l’essai sur leur vaccin, des résultats qui sont excellents, et leur vaccin ne requiert qu’une dose. Il ne sera donc pas nécessaire d’avoir deux injections pour tous les vaccins. Certains pourraient théoriquement nécessiter plus de deux injections – selon ce qui devrait permettra aux scientifiques de tirer le maximum de leur investissement.

 

Q : Quels sont les effets secondaires des vaccins de Pfizer et de Moderna?

R : Les effets secondaires sont en général légers et semblables à ceux d’autres vaccins : douleur autour du site d’injection et des symptômes pseudogrippaux : fatigue, fièvre légère ou frissons. Quatre millions de personnes ont été vaccinées jusqu’à maintenant, et il n’y a aucun effet secondaire grave, à part quelques rares cas d’anaphylaxie, ce qui se produit avec tous les vaccins, et des cas encore plus rares de paralysie faciale. Le risque de développer des complications graves de la COVID-19 est toutefois beaucoup plus élevé. Je me ferais quand même vacciner.

 

Q : Est-ce que les vaccins nous empêcheront de contracter la COVID-19 ou simplement de tomber malades?

R : On ne le sait pas encore. Lors des essais, les gens recevaient le vaccin ou un placebo, et ceux qui ont reçu le vaccin ne sont pas tombés malades, mais ils n’ont subi aucun test pour déterminer s’ils ont été infectés. C’est pourquoi il est encore important de respecter les autres mesures de sécurité. Les premières données en provenance d’Israël, qui utilise le vaccin de Pfizer, suggèrent que le vaccin freine l’infection. Nous en saurons plus avec le temps.

 

Q : Devrons-nous recevoir le vaccin anti-COVID-19 tous les ans, comme pour la grippe?

R : Personne ne sait encore si le vaccin ne devra être administré qu’une seule fois ou s’il faudra le recevoir tous les ans, tous les deux ans ou plus.

 

Q : Certaines personnes craignent que les vaccins aient été mis au point trop vite, sans que leur sécurité et leur efficacité n’aient été suffisamment vérifiées. Qu’en pensez-vous?

R : Ce n’est pas vrai, mais la réponse doit être nuancée. Ce sont de nouveaux vaccins, et ils ont seulement été testés sur des personnes sur une période de six mois, alors nous avons des données sur leur sécurité pour une période de six mois.

 

Q : Certaines personnes s’inquiètent des effets du matériel génétique dans les vaccins. Qu’en pensez-vous?

R : Les vaccins vous exposent à une fraction du matériel génétique d’un virus, et votre corps produit la protéine qui déclenche la réponse immunitaire. Qu’arrive-t-il lorsque vous êtes exposé à d’autres virus? Votre corps produit le virus en entier – pourtant personne ne s’inquiète de la sécurité à long terme si vous attrapez un rhume. Il n’y a aucune raison de croire que les vaccins anti-COVID-19 entraîneront des effets à long terme. Les gens disent : « C’est un corps étranger », mais vous êtes exposé à des corps étrangers toute la journée. La technologie à base d’ARNm est en cours de développement depuis des années, et de nombreux autres vaccins vous exposent également à du matériel génétique et des virus. Envisagez-le comme suit : dans le bon vieux temps, les ordinateurs lisaient les données sur des cartes perforées. Votre organisme est l’ordinateur, nous vous donnons une carte perforée et votre organisme fait ce que la carte perforée dit – dans ce cas, produire une protéine S. La carte n’est pas intégrée à votre ordinateur.

 

Q : Quelles autres préoccupations ou fausses informations entendez-vous souvent?

R : L’une des pires est que le gouvernement a précipité les approbations et n’a pas étudié les vaccins de façon appropriée. Cela n’est tout simplement pas vrai. Toutes les étapes normales d’approbation d’un vaccin ont été suivies – ils ont simplement raccourci les délais bureaucratiques. Il faut en général des mois au gouvernement fédéral pour approuver un nouveau produit ou dispositif, mais si vous savez que quelque chose est d’une importance mondiale, vous ne le laisserez pas sur votre bureau – vous allez vous en occuper immédiatement. Ils ont tout de même suivi toutes les étapes. Ils n’ont brûlé aucune étape. Ils ont seulement éliminé toutes les pertes de temps.

 

Q : Si une personne a déjà eu la COVID-19, doit-elle se faire vacciner?

R : La réponse officielle est oui, faites-vous vacciner. Il n’y a pas de mal à vous faire vacciner. Quelques précisions s’imposent toutefois. Nous ne connaissons pas la durée de la réponse immunitaire après avoir contracté la COVID-19. Si vous êtes dans un groupe à risque élevé, vous devriez vous faire vacciner, parce que nous avons étudié la réponse de l’organisme au vaccin, mais ne comprenons pas encore sa réponse naturelle au virus.

 

Q : Y a-t-il des personnes qui ne devraient pas recevoir un vaccin contre la COVID-19?

R : Il n’y a pas vraiment beaucoup de contre-indications à recevoir le vaccin. Si vous êtes enceinte ou allaitez, les vaccins n’ont pas fait l’objet d’études dans ce groupe, alors vous devez en parler avec votre professionnel de la santé et faire un choix éclairé. Il n’y a rien dans les vaccins de Pfizer et de Moderna qui devraient causer des problèmes pendant la grossesse. Avec le temps, nous en saurons plus, alors qu’un plus grand nombre de femmes enceintes dans le monde entier se font vacciner. Si votre système immunitaire est très affaibli, le vaccin ne vous fera aucun mal – ce n’est pas un virus vivant, mais il ne pourrait pas être aussi efficace.

 

Q : Est-ce que les vaccins de Pfizer et de Moderna protègent contre les nouveaux variants du coronavirus détecté récemment au Canada et ailleurs dans le monde?

R : Oui. Il y une multitude de variants préoccupants. Des centaines ont été identifiés jusqu’à maintenant, et les trois dont tout le monde parle sont les variants britannique, brésilien et sud-africain. Les vaccins ne fonctionnent pas aussi bien avec le variant sud-africain, mais ils sont tout de même plus efficaces que, disons, le vaccin antigrippal annuel. Avec le temps, si le virus continue à circuler, nous devrons modifier les vaccins. C’est tout à fait prévisible et prévu, c’est une question d’évolution. Pour l’instant, personne n’a besoin de paniquer. Dans six mois ou un an, Pfizer et Moderna commenceront sans doute à « réarmer » les vaccins si d’autres variants se manifestent et deviennent vraiment importants.

 

Q : Lorsqu’une personne a été vaccinée, peut-elle cesser de porter un masque et ne plus respecter la distanciation sociale?

R : Non, elle ne le peut pas pour deux raisons : nous n’avons pas encore prouvé qu’une personne vaccinée ne peut pas être infectée et ne peut pas transmettre l’infection. Ce serait vraiment dangereux d’abandonner les autres mesures de sécurité. Si nous vaccinions toutes les personnes qui travaillent dans les établissements de soins de longue durée, qu’arriverait-il s’il s’avère qu’elles peuvent encore être infectées et transmettre l’infection dans leur milieu de travail? Tant que nous ne serons pas certains que les vaccins préviennent l’infection et n’empêchent pas seulement de tomber malade, la prudence devrait être de mise, et nous devrions continuer à suivre les mesures de santé publique. De plus, personne ne sait si vous avez été vacciné ou non. Si vous ne portez pas de masque, les gens penseront que vous propagez le virus.

 

Q : Pendant combien de temps encore devrons-nous tous continuer à respecter la distanciation sociale et les autres mesures de sécurité?

R : Une fois que 65 à 75 % de la population a développé des anticorps, le virus peut difficilement rendre les gens malades. Nous en apprendrons plus au cours des semaines à venir, quand nous saurons si le vaccin met fin à la propagation du virus ou s’il peut encore se transmettre. Je prévois un été presque normal. Je crois que nous sommes à mi-parcours actuellement dans la pandémie.

 

Q : Y a-t-il autre chose que les gens devraient savoir?

R : Je raconte aux médias en blague que beaucoup d’histoires se propagent plus vite que le virus lui-même – tout ce tapage à propos des nouveaux variants, et ceci, et cela. Les médias s’en préoccupent plus que le milieu scientifique. Quand vous parlez aux gens qui sont bien au courant de la situation, ils surveillent les faits, mais ne paniquent pas. Nous sommes sur la bonne voie, nous savons comment contrôler la situation et nous savons que les mesures de santé publique fonctionnent. Nous savons que les masques fonctionnent et que les nouveaux vaccins fonctionnent étonnamment bien. Les nouveaux variants n’ont que peu de conséquences sur la santé publique, mais on les surveille. Ils peuvent prendre de l’importance avec le temps, mais les gens ne doivent pas se laisser emballer par tout ce tapage. Ils doivent savoir que nous avons un plan et que nous nous y tenons. Même les retards de livraison des vaccins de Pfizer, ce sont des accrocs mineurs qui avaient été totalement prévus. Nous aurons des millions de doses avant le début du printemps, et le problème alors, sera que nous ne pourrons pas les distribuer assez rapidement à tout le monde.

 

Pour les informations les plus récentes à propos des vaccins contre la COVID-19, veuillez consulter le site Web du Gouvernement du Canada