Les soins infirmiers au Nunavut : « Vouloir aider les gens doit être une passion. »
Bayshore |
Avez-vous déjà songé à travailler dans le Grand Nord? Soins infirmiers en régions nordiques de Bayshore est le principal fournisseur de professionnels en soins infirmiers pour les communautés autochtones et les collectivités nordiques, y compris au Nunavut. Pour partager des points de vue sur les soins infirmiers en régions nordiques, nous avons parlé à Natalie Ackert, inf. aux. aut., vivant près de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Nous l’avons rencontrée à Kimmirut, une collectivité de la région de Qikiqtaaluk, au Nunavut.
Q : Natalie, quand avez-vous joint les Soins infirmiers en régions nordiques de Bayshore?
R : En mars 2020. J’ai auparavant travaillé pendant huit ans dans un foyer de soins de longue durée. Mes enfants avaient quitté la maison, et je voulais faire quelque chose juste pour moi : c’était enfin mon tour! Mon conjoint et moi en avons donc discuté, et il a dit : « Vas-y, fonce! » Le programme avait besoin d’infirmières auxiliaires autorisées, j’étais ravie d’utiliser toutes mes habiletés et d’apprendre de nouvelles choses. J’ai vu cela comme une aventure, et j’ai pensé pouvoir faire une différence.
Q : À combien de reprises vous êtes-vous déplacée au Nunavut à ce jour?
R : Six fois. Je pars habituellement pendant une période de quatre à six mois. C’est mon choix, certaines infirmières partent toutes les fois pendant six semaines, mais avec la COVID-19, au cours de l’an dernier je suis peut-être restée à la maison trois semaines. Je suis en ce moment à Kimmirut, et je suis allée à Gjoa Haven, Kugluktuk, Kugaaruk et Pangnirtung.
Q : Pourriez-vous nous décrire votre milieu de travail?
R : C’est un centre de santé qui me rappelle un hôpital. Le centre comprend une salle d’urgence, une chambre pour les cas de COVID-19 et une petite pièce pour les radiographies. Il y a deux ou trois infirmières autorisées, appelées infirmières en santé communautaire (ou « CHN » prononcé à l’anglaise « chins »). Elles sont reconnaissantes pour l’aide qu’on leur apporte, et elles nous prennent souvent sous leurs ailes. Si vous faites preuve d’initiative et d’intérêt, elles vous montreront ce qu’elles font et vous l’expliqueront. Il y a tellement de possibilités, par exemple, j’ai une base de connaissance en soins des pieds, j’ai donc démarré une clinique de soins des pieds ici, ainsi qu’un programme de soins à domicile.
Q : Selon vous, quels sont les traits de personnalité dont une infirmière a besoin pour travailler dans le Nord?
R : Vous devez faire preuve de souplesse, et savoir improviser. Il faut être entreprenante, indépendante, avoir un esprit critique, et du bon sens. Mon plus grand défi a été la gestion du temps. Je suis une pro, mais je donnais rendez-vous à 12 personnes et seulement trois de celles-ci se présentaient. C’est comme ça ici, les gens se présentent quand bon leur semble. Il faut avoir le sens de l’humour. Il faut aussi être aimable, et ne pas avoir peur de poser des questions. Vous devez être capable de parler à tous, sans porter de jugement. Les gens qui viennent nous voir pour diverses raisons sont souvent gênés. Lorsqu’ils vous considèrent comme digne de confiance, ils vous racontent beaucoup de choses. Vouloir aider les gens doit être une passion. Et être seule doit vous convenir. Si j’étais du genre extraverti, j’aurais un problème, mais j’aime être seule.
Q : Qu’est-ce que vous aimez le plus à propos du travail au Nunavut?
R : Je peux faire plein de choses différentes dans mon champ d’exercice. J’en tire une grande satisfaction : c’est comme si être ici était mon destin, ce que je fais est ce que je devais effectivement accomplir dans la vie. Je ne sais pas comment l’expliquer. Je tisse des liens avec les personnes ici. Elles me parlent, se confient. Et en raison de ma base de connaissances en santé mentale et en soins des pieds, je sens que j’utilise toutes mes compétences, ce qui est très gratifiant.
Q : Quels sont vos articles essentiels à emporter?
R : Le coût des aliments ici est vraiment élevé, presque hors de prix. Alors, j’emporte des trucs congelés ou déshydratés. Des épices et un filtre Brita, car il est impossible de boire l’eau du robinet. Du shampoing, une crème pour le visage, un baume pour les lèvres, et d’autres articles de soins personnels. J’emporte mon téléphone cellulaire, avec un gros forfait de données, parce qu’ici l’Internet est assez cher. Sans oublier des livres, mon ordinateur et, bien sûr, des vêtements d’hiver chauds. Il neige même au printemps. Pour les enfants, j’ai toujours de la gomme Chiclets, des crayons et des autocollants. J’aime peindre, je prends donc avec moi du matériel de peinture pour mes temps libres. Et j’emporte toujours un ventilateur, pour la chaleur, en cas d’arrêt de la chaudière, et pour le bruit blanc. Je suis parfois ici lorsque la lumière du jour dure 24 heures, et les enfants jouent dehors jusqu’à 4 h du matin!
Q : Que diriez-vous à une infirmière qui songe à travailler au Nunavut?
R : J’adore, tout simplement. C’est une aventure incroyable. Faites-le si vous voulez apprendre de nouvelles habiletés et perfectionner celles que vous avez déjà, ou pour apprivoiser une culture différente tout en y vivant. Je suis tellement contente d’avoir eu cette chance. C’est simplement fantastique : j’ai confiance en mes capacités, et je vais devenir infirmière autorisée. En janvier 2022, je commence mes études universitaires en sciences infirmières. Sans avoir eu l’occasion de me rendre au Nunavut et de travailler avec ses habitants, je n’aurais pas acquis la confiance pour le faire.
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